La fin de la Concepcion, négrier dans le Pacifique
Extrait du Messager de Tahiti du 27 juin 1863
 |
Trois-mâts barque (d’après Capt. Sam Svensson, Les bateaux, Gründ, 1975, p 130) |
|
« Le trois-mâts barque chilien la Concepcion s'est perdu sur l'île de Tahaa (Raiatea). L'équipage s'est sauvé et le navire a dit-on été vendu à des spéculateurs, en l'état où il se trouvait après le naufrage.
La Concepcion était partie de Valparaiso le 7 février dernier, à destination de Caldera; après avoir opéré le débarquement de sa cargaison, il fit de l'eau, prit des provisions, quelques ballots de vêtements et fit voiles pour la Polynésie ; on assure qu'à Caldera, il aurait fait modifier ses papiers de bord ; mais tout tend à prouver que l'expédition de la Concepcion a été faite sans l'autorisation du gouvernement du Chili et même à son insu.
Une tentative d'engagements faite à l'Ile de Pâques ne réussit pas; aucun des naturels de cette malheureuse terre, où se sont commis les actes de férocité dont le Messager a entretenu ses lecteurs, ne voulut suivre le navire. Après avoir reconnu et vainement tenté de visiter l'Ile Elisabeth1, la Concepcion se rendit à la Dominique2 (Iles Marquises) le capitaine envoya à terre une embarcation montée par second et quatre hommes de l'équipage ; pendant le trajet elle fut accostée par une pirogue dans laquelle se trouvait un des frères de la mission catholique à qui il lui déclara qu'il venait pour prendre des indigènes ; bien que la réponse de ce frère ne dût leur laisser aucun doute sur l'insuccès de leur tentative, ces hommes ne se rendirent pas moins à terre où leur baleinière fut retenue par les indigènes. Ne pouvant regagner le navire ils restèrent pendant cinq jours chez les missionnaires de Puamau, qui les firent ensuite conduire, sur leur sloop, à Nukuhiva, où M. le Résident des îles Marquises les a envoyés à Taïti.
La Concepcion, après avoir attendu pendant deux jours le retour de son embarcation finit par s'éloigner et c'est sans doute peu de jours après qu'elle a naufragé sur les côtes de Tahaa.
Le second de ce bâtiment connu à bord sous le nom de Louis Fleury, n'est autre que le nommé Julien Faucheux, matelot du brig le Railleur qui avait déserté à Valparaiso, en 1859; les quatre hommes qui armaient l'embarcation sont Estevan Navares, Antonio Boggiano, Italien, Jose Anta Miralo, Chilien et Manuel Fernandez, Espagnol. »
1Ile à proximité de Pitcairn.
2C’est le nom que donna Mendeña à Hiva-Oa vue un dimanche, elle fut appelée La Dominica – Voir le document d’Annie Baert. |
|