La mer se refuse, renforts à terre
- La mer se refuse, renforts à terre -
Le sondage achevé, le tracto pelle rebouche le trou. Crédit photo : Max Guérout |
« L’alizé mollissant » est devenu un sujet de plaisanterie entre les météos et notre équipe, ce matin il s’est renforcé et a soufflé dans la journée à plus de 20 nœuds, nos espoirs d’aller voir de plus près les vestiges des deux autres naufrages s‘amenuisent, tout comme la possibilité de prendre les dernières mesures sur les canons de l’Utile se trouvant au plus près du rivage, particulièrement exposés à la mer.
Les deux canons très abîmés jetés au rebut Crédit photo : Max Guérout |
Nous sommes allés photographier, hier, deux canons qui avaient été tirés de l’épave dans le passé. N’ayant pas subit de traitement de conservation, ils ont dû être jetés sur la décharge. Un troisième canon, trouvé sur la plage, trône devant la station, il est dégradé mais n’est pas complètement détruit.
Faute de plongeurs au travail, l’équipe des fouilleurs à terre s’en trouve renforcée, nous décidons alors de dégager une zone plus large pour essayer de comprendre le désordre que nous constatons.
Le canon, relativement épargné par les agressions du temps Crédit photo : Sébastien Berthaut-Clarac |
L’analyse plus fine de la couche de cendre permet de mettre en lumière deux niveaux d’occupation. S’agit-il effectivement de deux niveaux qui correspondent à des occupations différentes ou d’une même occupation, interrompue par une tempête ou un cyclone qui a recouvert la cendre d’une couche de sable ?
Il faut regarder de plus près le contenu des couches pour comprendre, car les rescapés d’un autre naufrage ont dû vivre quelques temps sur l’île : ainsi, lors du naufrage de l’Atiet Rohoman, il y a eu sept rescapés. Nous ignorons s’ils ont vécu sur l’île un certain temps.
Dans l’après-midi, un autre objet provenant de l’Utile est trouvé en place au-dessus de la couche de cendres, il s’agit d’une boucle de chaussure en cuivre, typique du XVIIIème siècle.
Élégante, elle a pu être portée comme un bijou. Dans un petit espace, et au même endroit, nous trouvons aussi la moitié d’une crépine en cuivre, des clous de navire et un croc.
Le moral reste bon pour continuer les fouilles sur terre Crédit photo : Max Guérout |
Le puzzle qu’il s’agit d’assembler est passionnant et surtout multiple. Il y a celui que l’on doit recomposer dans l’espace des déplacements de nos naufragés, depuis l’épave du navire vers la plage, puis vers leur camp en arrière de la plage, avant de gagner le point haut de l’île; il y a aussi celui des divers naufragés qui ont pu vivre sur l’île, dont ceux de l’Atiet Rohoman.
Il faut ajouter à tous ces éléments le brassage du sable lors des grandes tempêtes, qui fait qu’à l’ouest de l’île le niveau du sol de 1761 se trouve à environ 40 cm sous le sol actuel.
La chaleur, oscillant entre 29 et 30 degrés Celsius, est atténuée par le souffle de l’alizé, mais ajoutée aux efforts physiques, elle commence à fatiguer les organismes mais elle ne semble pas affecter le moral de toute l’équipe.
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