ROUTE DE L'ESCLAVE
Réseau thématique : Archéologie sous-marine.
La mémoire engloutie du triangle de la traite.

LISTE DES NAVIRES NÉGRIERS DONT LES EPAVES ONT ÉTÉ RETROUVÉES

1 - NÉGRIERS IDENTIFIÉS

1.1Henrietta Marie, négrier anglais coulé en Floride sur le New Ground Reef en 1700.

Découvert en 1972 par une équipe de chasseurs de trésors : « Treasure Salvors » dirigée par Mel Fisher l'épave est l'objet d'un travail intense de récupération en 1972 et en 1973.
En 1983, la concession accordée par l'état de Floride à M. Fisher est cédée à une seconde équipe de chasseurs de trésors : «Neptune Exploration» dirigée par Henry Taylor. Une supervision archéologique est assurée pendant les opérations qui durent d'une manière intermittante jusqu'en 1989 par David D.Moore un archéologue formé à l'East Carolina University en Caroline du Nord. La cloche du batiment retrouvée porte l'inscription «THE HENRIETTA MARIE 1699» a permis l'identification du bâtiment, un négrier anglais probablement de construction française. Deux voyages de traite du bâtiment ont été identifiés. Le premier en 1697 semble-t-il comme interlope (traite illégale). Il gagne la côte d'Afrique puis la Barbade en juillet 1698 où il débarque 250 esclaves. Et repart pour l'Europe avec une cargaison de 114 barriques (hogshead) de sucre. Le second, en 1698/99, en obtenant de la Royal African Company (RAC) un permis contre un taxe de 10%. Le navire fera naufrage sur son chemin de retour, après avoir quitté la Jamaïque en juillet 1700.
Une partie de la structures des fonds située sur l'arrière du bâtiment a permis d'identifier un tableau arrière carré et d'évaluer le tonnage à environ 120 tonnes. Le mobilier archéologique mis au jour illustre les trois branches du commerce triangulaire :

> Branche Europe - Afrique.
Une collection importante d'étains d'origine anglaise, et un grand nombre de perles, utilisés pour le troc sur la côte d'Afrique.
> Branche Afrique - Amériques.
Des fers d'esclaves, les chaudrons en cuivre destinés à la préparation de la nourriture des esclaves, des défenses d'éléphant.
> Branche Amériques - Europe.
Un cargaison de bois de campêche (dyewood), bois utilisé en Europe pour la teinture.
- Bibliographie -

- Moore, D.D., Anatomy of a 17th Century Slave Ship : Historical and Archaeological Investigations of « The Henrietta Marie 1699 », maîtrise dactylographiée, non publiée, Université de East Carolina, 1989.
- Sullivan, G., Slave Ship : The Story of the « Henrietta Marie », New-York, 1994.

1.2 Fredensgborg, frégate négrière dano-norvégienne naufragée sur l'île de Tromøy au large d'Arendal en Norvège le 1er décembre 1768.

Le Cron Prindz Christian 30,5 m de long, 278 tonnes fut construit entre 1752 et 1753 à Copenhague pour le compte de la «Danish West India Guinea Company». C'est sous ce nom qu'il effectua 5 voyages de traite.
En 1765 la compagnie devient la «West India-Guinea Company» et le navire est rebaptisé Fredensborg. Il quitte Copenhague le 24 juin 1767, avec un équipage de 40 hommes, il atteint la Côte de l'or le 5 octobre de la même année. Il devra rester 205 jours pour rassembler 265 esclaves (165 hommes, 78 femmes, 9 filles et 20 garçons) mais ce long sejour a eu pour conséquence la perte de 11 hommes d'équipage dont le capitaine Espen Kiønig.
Le Fredensborg appareille pour l'île de Sainte-Croix aux Antilles, il emporte 927,75 Kg. d'ivoire et 1250 grammes d'or. Vingt neuf esclaves meurent pendant la traversée qui dure 78 jours. Les eclaves vendus, le navire repart pour l'Europe avec une nouvelle cargaison de sucre, bois de Campêche, acajou, tabac, coton.
Au moment du naufrage l'équipage de 39 hommes, trois passagers, et deux esclaves peuvent se sauver. Le capitaine Johan Frantzen Ferentz et le subrecargue Christian Hoffman réussissent à sauver le journal de bord et divers documents qui seront retrouvés dans les archives de Norvège et du Danemark. L'épave fut retrouvée le 15 septembre 1974 par trois plongeurs norvégiens : Odd Osmundsen, Tore et Leif Svalesen. Deux campagnes eurent lieu en 1975 et 1977 sous la direction du Norwegian National Maritime Museum et du Aust-Agder-Museum d'Arendal. De nombreux objets furent mis au jour, dont des défenses d'éléphant et d'hippopotame, une meule de calcaire provenant de la région d'Accra, une grande quantité de bois de Campêche, un peu d'acajou, des pipes en terre, et nombre d'objets de la vie courante dont deux sceaux dont l'un représente une colombe portant un rameau d'olivier et les mots «Peace and Love».
- Bibliographie -

- Svalesen, Leif, Slaveskipet « Fredensborg » og den dansk-norske slavehandel pa 1700-tallet, Oslo, 1996.
- Svalesen, Leif , The slave ship Fredensborg, Aschehoug, 2000.

Musée : Aust-Agder Museum

1.3 James Matthews, ex-négrier portugais coulé au large de Freemantle en Australie en 1841.

Le Don Francisco, un navire négrier appartenant au célèbre négrier portugais Francisco Felis de Souza, installé à Ouidah au Dahomey (actuel Benin) fut capturé en 1837 au large de l'île de la Dominique (Caraïbes) avec une cargaison de 433 esclaves venant d'Afrique. Selon la procédure habituelle le navire aurait dû être conduit à Freetown en Sierra Leone pour y être condamné puis détruit. Il fut cependant vendu dans les Caraïbes et il reprit la mer sous le nom de James Matthew, un brick de 107 tonnes enregistré à Londres. Il quitta Londres pour Freemantle (Australie) en mars 1841 avec une cargaison de 7000 tuiles, du matériel agricole, des marchandises diverses et trois passagers, en plus de son équipage de 15 marins. Arrivé à bon port à Freemantle il fut jetté à la côte par un coup de vent au large de Woodman's Point, avant d'avoir eu le temps de débarquer sa cargaison. L'épave fut localisée en 1973 par une équipe de plongeurs à 3 mètres de profondeur. Sous la direction de Graeme Henderson, quatre campagnes de fouille eurent lieu entre 1973 et 1976. Une remarquable collection d'outils agricoles, de matériel nécessaire à l'installation des colons fut mise au jour. Les structures du navires suffisamment bien conservées permirent de reconstituer en partie des lignes du navire. Les objets sont exposés au Western Australian Museum.
- Bibliographie -

- Henderson, Graeme, James Matthews excavation, summer 1974, Interim Report, I.J.N.A., 5, 3, 245-251, 1976
- Henderson, Graeme, Baker, Patrick, James Matthews excavation, A second interim report, I.J.N.A., 8, 3, 225-244, 1979.
- Henderson, G., Unfinished Voyages : Western Australian Shipwrecks 1622-1850, Nedlands, 1980.

1.4 – Queen Anne's Revenge (ex Concorde)

Le 28 novembre 1717, un navire négrier nantais de 200 tonneaux, La Concorde, appartenant à l'armateur René Montaudouin et se rendant des côtes de Guinée à La Martinique, est capturé par le pirate Edward Teach, dit Barbe Noire, aux abords de l'île de Béquia, dans l'archipel des Grenadines aux Antilles.

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- Bibliographie -

- Robert E. Lee : Blackbeard the Pirate. A reappraisal of his life and times. J. Blair. Winston Salem, N.C. 2000.
- David Cordingly : Under the Black Flag. Harvest Book. 1995.
- David D. Moore : Blackbeard's Queen Anne's Revenge. Tributaries, North Carolina Martime History Council, Octobre 2001, n° 11.
- David D. Moore / Mike Daniel : Blackbeard's capture of the nantaise slave ship La Concorde. Tributaries, North Carolina Martime History Council, Octobre 2001, n° 11.

1.5 – Princesa Luiza

Navire négrier portugais naufragé en 1742 sur la côte de l'île de Mayo dans l'archipel du Cap Vert. Des défenses d'ivoire ont été récupérées sur l'épave. Malgré nos demandes aux autorités du Cap Vert, nous n'avons pas obtenu jusqu'à présent d'informations complémentaires sur ce site.

- Bibliographie -

Isabel Castro Henriques, Isabel Medeiros (coordination), Lieux de mémoire de l'esclavage et de la traite négrière, (Angola – Cap Vert – Guinée Bissau – Mozambique – Sao Tome et Principe), Comité portugais de « La route de l'esclave », Lisbonne, 2001, p.33.

1.6 – Saint-Géran

Navire français de la Compagnie des Indes, naufragés à l'île Maurice le 18 aout 1744. Ce navire a fait l'objet de pillage par les plongeurs locaux puis d'une fouille limitée par une équipe dirigée par Jean-Yves Blot. Le Saint-Géran transportait 30 esclaves.

1.7 – Le Sea Horse

Le Sea Horse un navire négrier anglais de 230 tonnes, armé par la South East Company dans le cadre du contrat d'Assiento signé en 1713 entre l'Espagne et l'Angleterre à la fin de la guerre de Succession d'Espagne, fit naufrage le 29 septembre 1728 à l'extrémité de l'île Gorriti près de Maldonado, en Uruguay.
Arrivé au moment d'un conflit entre les signataires de l'Assiento, le capitaine Moor White avait reçu l'autorisation de débarquer à Buenos Aires, le 17 janvier 1728, sa cargaison de 138 esclaves qui provenait de Madagascar après 12 mois de traversée, mais ne fut pas autorisé à débarquer sa cargaison de cuirs. Traversant le Rio de la Plata, il resta au mouillage devant la colonie du Sacramento en attendant son départ. Il fut surpris par un coup de vent à sa sortie du Rio de la Plata. Le navire transportant une importante cargaison de métal précieux le gouverneur Zavala fit entreprendre des plongées qui permirent d'en récupérer une grande partie.
Sur le site dont la profondeur est comprise entre un et six mètres ne se trouvent à présent que l'artillerie du navire et des blocs de pierre qui occupent une surface de 400 mètres carrés.

Le Sea Horse avait appareillé de Londres le 9 juin 1726 et avait embarqué 169 esclaves à Madagascar, il effectuait là son second voyage connu dans les mêmes circonstances.

Le premier voyage était parti de Londres le 27 juin 1723. Après avoir embarqué 325 esclaves à Cabinda, le Sea Horse en avait débarqués 304 à Buenos Aires, le 2 avril 1724 et avait été de retour à Londres le 7 septembre 1725.

- Bibliographie -

- Eltis David, D. Behrendt Stephen, Richardson David, Klein Herbert S, The Trans-Atlantic Slave Trade, CD-rom, Cambridge University Press
- Studer, Elena, La trata de negros en el Rio de la Plata durante el siglo XVIII, Buenos Aires 1958.

1.8 – L' Adelaïde

L'Adelaïde est un vaisseau de 4ème rang construit à Toulon par le maître constructeur François Coulomb entre décembre 1697 et le 10 janvier 1699, date de son lancement. Ce bâtiment de 400 tonneaux, long de 37,25 m (longueur de quille : 29,06 m ), large de 9,80m , ayant un creux de 4,38 m et un tirant d'eau de 4,71 m, avait un équipage réglementaire de 6 officiers et 200 hommes d'équipage. D'abord armé de 44 canons jusqu'en 1702, il eut ensuite une batterie de 36 canons (18 canons de 12 livres et 18 canons de 6 livres), puis de 30 canons au moment de son naufrage.
Présent à Toulon lors du siège de1707, il fut probablement submergé pour éviter le bombardement anglais et renfloué en novembre 1707.
Entre 1708 et 1709, il est sans doute affrété à la Compagnie du Cap Nègre et participe au ravitaillement en blé du pays (la traite du bled) au cours de la guerre de Succession d'Espagne.
En 1711, il est utilisé par la Compagnie des Indes Orientales.
Puis à partir de 1713, il est affrété à la Compagnie de l'Assiento et armé à Port-Louis. Il est commandé par de Champmoreau, l'équipage est alors de 130 hommes et l'armement de 30 canons.
Lors de son voyage de traite, il part à une date inconnue, effectue sa traite à Ouidah, le 1er février 1714 puis à Jacquin entre le 21 mai et la fin juillet.
Trois cents esclaves (ou 328 ?) sont vendus à Léogane (Saint-Domingue), deux esclaves meurent pendant la vente.
Ensuite, l'Adelaïde appareille pour la Havane le 1er octobre 1714, pris dans un cyclone il fait naufrage sur le Cap Corrientes le 10 octobre 1714.

Il faut noter que l'Adelaïde se trouve dans le cas des navires affrétés à la Compagnie de l'Assiente et destinée à fournir les vice-royautés espagnoles en esclaves, mais qui se trouvent en cours de traite au moment de la signature du traité d'Utrecht (11 avril 1713) qui met fin au contrat d'Assiente entre la France et l'Espagne, ceci explique le débarquement des esclaves à Léogane et non dans une colonie espagnole. Toutefois, la vente aux espagnols étant avantageuse (peut-être une partie des esclaves fut-elle conservée à bord pour être vendue à la Havane), cela pourrait expliquer le voyage final. On voit ainsi dans des conditions semblables le François, un vaisseau du roi, affrété dans les mêmes conditions toucher la Martinique en avril 1713, Le Cap Français en mai puis aller vendre 208 esclaves à la Havane fin mai, et 133 à la Vera Cruz en juin. Alors que le Jason se voit quant à lui refusé par le Directeur de la Compagnie de l'Assiente de débarquer ses esclaves à Carthagène le 5 juillet 1713.


2 - NÉGRIERS NON IDENTIFIÉS

2.1 Epave de Saint-Quay Portrieux - France

Site trouvé en 1987, au large de Saint-Quay en Bretagne, après que des pêcheurs aient pris dans leurs filets quelques défenses d'éléphants. Deux centaines de défenses d'éléphant de 0, 40 à 1,80 m, un bracelet de manille et quelques perles furent trouvées sur le site par 6 mètres de profondeur , par Loïc Le Tiec et Daniel David. Aucune trace de la coque du navire ni de ses équipements n'ont été retrouvés.
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- Bibliographie -

- David, D. ; Le Tiec, L., Epave d'un navire inconnu (supposé négrier). In Chroniques d'Histoire Maritime, n° 16, Paris, 1987, pp.40-42.

2. 2 Epave du Loup Garou / Martinique - France

Epave trouvée par le GRAN en 1991, près de l'îlet du Loup Garou dans l'Est de l'île de la Martinique. Cette épave très détruite a d'abord été identifiée par la découverte sous le vent du récif d'un amas de briques provenant du lest puis au vent du récif d'une ancre et d'un  fragment de chaîne. Une défense d'éléphant enkystée dans le corail marque avec certitude un navire ayant effectué une escale sur la côte d'Afrique et donc probablement liée à la traite.

2.3 Epave dite Manilla wreck aux Bermudes

Epave découverte en 1975 par H.C.D. Cox et William Gillies, dans environ 7 m d'eau à 7 milles au large du récif Nord Est des Bermudes. Parmi les objets mis au jour à cette occasion, figurent : une pièce d'argent hollandaise d'un demi-Rijder datée de 1690, un fragment de pichet portant le chiffre GR pour (Georges Rex), lignée royale anglaise qui commence en 1714, une série de bouteilles en usage entre 1740 et 1750, une pièce d'artillerie en bronze portant les armes de la Compagnie Hollandaise des Indes Occidentales. Les objets liés au trafic négrier sont représentés par environ 10 000 perles de traite qui pourraient avoir été fabriquées en Hollande par des artisans italiens, et une grande quantité de bracelets de manille. L'alliage utilisé a la particularité de comporter une proportion inhabituellede 30% de plomb. En août et septembre 1998, la première phase d'investigation de l'épave a été entreprise sous la direction de Clifford E. Smith, Director of Conservation and Underwater Archaeology au Bermuda Maritime Museum, avec comme objectif de définir l'emprise des vestiges de l'épave, de réaliser une carte du site et de procéder à une couverture photo et vidéo du site. Les premières conclusions, fondées sur l'analyse des objets mis au jour par Cox et Gillies, permettent d'estimer que l'épave est sans doute liée à un voyage de traite effectué par la Compagnie Hollandaise des Indes Occidentales au milieu du XVIIIème siècle.
- Bibliographie -

- Smith, Clifford, E., The 1998 Archaeological Investigation of The « Manilla Wreck » Placed into a Historical Perspective,
- Smith, Clifford, E., The Manilla wreck. In Maritimes (1998), vol 11, n°3,12. Pp. 11-14.

2.4 L'épave de Pen Azen (France)

Cette épave déclarée à l'administration en 1994 a fait l'objet de deux courtes expertises effectuées par le DRASSM (Direction des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous-Marines) en 1994 et 1995. La découverte de bracelets de manille milite pour l'identification d'un navire négrier, toutefois les autres objets mis au jour ne sont pas connus malgré des demandes répétées à l'administration. La présence sur le site d'une ancre et deux pierriers à boîtes a également été notée au cours de la première expertise, ne permettant pas d'avancer une datation précise.
- Bibliographie -

- L'Hour, M., Epave de Pen Azen, In Bilan Scientifique 1994 du DRASSM, p.22, Paris, 1995).

2.5 L'épave suédoise de l'île de Mayo (Cap Vert)

Epave d'un navire négrier suédois naufragé en 1782 sur l'île de Mayo dans l'archipel du Cap Vert. Des « dallers » en cuivre ont été récupérées sur l'épave. Malgré nos demandes aux autorités du Cap Vert, nous n'avons pas obtenu jusqu'à présent d'informations complémentaires sur ce site.

- Bibliographie -

Isabel Castro Henriques, Isabel Medeiros (coordination), Lieux de mémoire de l'esclavage et de la traite négrière, (Angola – Cap Vert – Guinée Bissau – Mozambique – Sao Tome et Principe), Comité portugais de « La route de l'esclave », Lisbonne, 2001, p.33.