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Hiva Oa - 4 mars 2006
Première journée sans plongée

 
Plan du site B05 02 de 1 à 5.
Dessin © Catherine Chavaillon
 

C’est le dernier jour à Hiva Oa pour Yann Hubert, le photographe de notre équipe. Il prend son avion pour Tahiti cet après-midi, puis un autre dimanche pour Rangiroa où il vit entre deux tournages ou prises de vue.

Pour des raisons de sécurité (décompression après les plongées) mais aussi matérielles, ce matin nous faisons la visite d’un site terrestre. Nos guides sont Catherine Chavaillon, qui est chargée de l’inventaire archéologique de Hiva Oa pour le service de la culture, et Eric Olivier qui assure toutes les prises de vue des travaux de sa femme et qui connaît également très bien le terrain et chaque site.

Dès huit heures du matin, nous nous entassons ou plutôt nous nous calons tous les cinq dans la vieille Suzuki 4 x 4 d’Eric. Après trois-quarts d’heures d’une succession de routes bétonnées et de pistes en terre, nous arrivons au site cérémoniel de Taaoa qui a été restauré à l’occasion d’un festival des Marquises, il y a une dizaine d’années. Mais le but de notre visite n’est pas de faire du tourisme.

La vallée de Taaoa est une des vallées qui a connu une occupation prolongée comme en témoignent les milliers de structures qui ont été édifiées et qui se cachent sous la végétation envahissante. Une matinée entière sur place n’aurait pas suffit à découvrir toute la richesse du site restauré mais il aurait surtout été dommage de ne pas profiter de la parfaite connaissance de nos guides concernant la partie du site non restaurée située en arrière de la première.

Cette vallée est en relation avec les vallées qui se trouvent à proximité du site sous-marin que nous étudions. Sur l’aire de stationnement aménagée au bout de la piste, les murs des différentes plates-formes sont présents et, dès les premiers mètres, Eric nous sensibilise à trois éléments archéologiques essentiels aux Marquises : les pierres à cupules, les aiguisoirs et  polissoirs et enfin, les pétroglyphes. Ces derniers sont cependant peu nombreux dans cette zone de l’île de Hiva Oa.

 
 

Le site restauré de Taaoa.
Photo © Robert Veccella – GRAN 2006

Par contre, les pierres à cupules, les aiguisoirs et les polissoirs ponctuent chacune des structures. Les pierres à cupules sont des pierres plates (généralement horizontales, bien que certaines cupules non horizontales posent problème) dans lesquelles de petites dépressions ont été pratiquées. Il semble que leur utilisation soit variée : mortier destiné au pilage de produits médicinaux ou cultuels, « lampe à huile », réserves d’eau en particulier quand elles sont pratiquées sur une pierre polissoir, bols cérémoniels sur les structures sacrées….

 
Une pierre à cupules.
Photo © Eric Olivier
 

Les aiguisoirs et les polissoirs, eux, ne prêtent pas à interprétation. Ils devaient être utilisés pour l’affinage et l’affûtage des herminettes et autres outils de coupe (Une herminette est une « hache » dont le tranchant est dans un plan perpendiculaire au manche de l’outil). Il n’est pas interdit de penser que ces pierres servaient aussi au polissage d’autres objets domestiques ou ornementaux.

 
 

Un très grand polissoir dans la rivière.
Photo © Eric Olivier

Cette matinée devait être sèche mais elle s’est révélée très humide et même boueuse. Après plus de trois heures de marche et de découvertes étonnantes (ainsi un site de 85 mètres de long construit sur une crête, des sources dont les berges sont stabilisées par des murs en pierres ou d’immenses pierres polissoirs), nous sommes convaincus que notre petit site de pêche, de l’autre côté du col Tavanui, fait partie d’une organisation sociale et spatiale beaucoup plus élaborée que nous ne l’imaginions avant de venir sur place.

 

Rédacteur :: Robert Veccella

      © GRAN 2006