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Le bois des pirogues
      DOC n°1

On nous avait proposé pour réaliser le projet, une bille dont la longueur était estimée à 8 mètres avec un diamètre de 80 centimètres, permettant de tailler une pirogue de 6 mètres de longueur. Mais force a été de constater que construire une pirogue aussi grande était utopique.

  FALCATA

 
Un jeune falcata.
– Photo : R. Veccella –
 
   
Le premier tronc, qui nous a été proposé, était un tronc de falcata, Paraserianthes falcataria (Linné) I. Nielsen, ssp. Falcataria, de la famille des Mimosacées. C’est un arbre, qui peut atteindre des dimensions impressionnantes tant en taille qu’en diamètre. Il est originairede Papouasie-Nouvelle-Guinée, des îles Salomon et des îles Moluques. Il a été introduit en Polynésie française par le service de l'Agriculture après 1966 pour reboiser les terrains soumis à l'érosion ou ravagés par les feux de brousse. C'est un bois très léger et très tendre ce qui impose au constructeur d'augmenter l'épaisseur ordinairement utilisée avec les autres essences afin d'obtenir une meilleure résistance (chocs et usure) et une meilleure stabilité (poids).

Il est utilisé généralement pour le corps de la pirogue mais à Moorea il est débité pour en faire des palettes. Ce bois n'est pas recherché en raison de ces faibles qualités. Il est utilisé en fonction de l'opportunité de sa disponibilité, par exemple lors de l’abattage d'un ou plusieurs arbres lors de travaux de construction. Même bien entretenue, une pirogue en falcata a une durée de vie qui ne dépasse pas les 8 ans.

Malheureusement, la bille dont le diamètre convenait n’avait qu’une longueur de 4,20 mètres, très insuffisante pour le projet.


  ARBRE A PAIN

 
Un arbre à pain.
– Photo : R. Veccella –
 
Une autre bille de 60 centimètres de diamètre pour une longueur de 6 mètres a été proposée. Il s’agissait d’un tronc de ‘uru en tahitien (maiore autrefois) ou arbre à pain, Artocarpus altilis (Parkinson) Fosberg de la famille des Moracées.

Probablement originaire de Papouasie-Nouvelle-Guinée, l'arbre à pain a été dispersé lors des migrations mélanésiennes et polynésiennes à travers tout le Pacifique. Puis à partir des colonisations européennes, il a été introduit partout sous les tropiques. En Polynésie française, il est largement cultivé sur l'ensemble des îles habitées, sauf à Rapa, où en raison de températures plus fraîches, les fruits ont du mal à venir à maturité.

Grand et majestueux, son feuillage vert foncé jaunit pendant toute l’année. Son bois est de couleur rouge, d’un grain assez dur et très estimé; il était autrefois utilisé pour faire des portes, des poteaux de soutènement, des sculptures décoratives pour les temples et les pirogues. La sève est très collante et était utilisée pour attraper les oiseaux. Mélangée à de la fibre de coco elle servait aussi de poix pour calfater les pirogues . Le bois léger, reste prisé pour les pirogues traditionnelles.

Si la pirogue réalisée lors de l’exposition devait être utilisée pour la pêche, elle pourrait avoir une vie entre 15 et 17 ans. Mais dans le cadre d’un musée, elle dépassera largement cette durée.


  HIBISCUS

 
Le flotteur, la traverse avant et les fargues sont en pūrau. La pirogue est sous un jeune hibiscus.
– Photo : R. Veccella –
 
Une autre essence est utilisée dans le cadre du projet (pour les traverses arrière et avant ainsi que le flotteur) c’est le pūrau , appelé fau autrefois, Hibiscus tiliaceus Linné ssp. Tiliaceus ou hibiscus communément. C'estune espèce indigène qui est présente de l'Indo-Malaisie à la Polynésie. C’est un arbre providentiel dont le polynésien en retire un grand profit : son bois léger est utilisé pour la confection de pirogues, rames, des flotteurs, traverses, les perches. Le bois arrivé à sa pleine croissance est résistant et surtout employé sous forme de planches. L’écorce des jeunes branches est utilisée pour faire de la corde à tracter ou à ligaturer. Sa durée de vie est sensiblement la même que celle du ‘uru.


  ARBRE DE FER

 
Tronc de ‘aito en bord de lagon.
– Photo : R. Veccella –
 
   
Enfin, les baguettes de bois qui liaisonnent le flotteur à la traverse avant est en ‘aito ou arbre de fer, Casuarina equisetifolia Linné ssp. Equisetifolia de la famille des Casuarinacées.

C’est un bois très dur dont les qualités voisines de celles des bois très lourds et très durs tel que l'azobé. Ses caractéristiques en font un bois quasi indestructible et dont la durée de vie serait illimitée. C’est peut-être un bois indigène ou peut-être introduit autrefois par les Polynésiens, plus récemment aux Tuamotu c’est peut-être les Européens qui l’ont acclimaté.

Son utilisation est très spécifique. On retrouve généralement cette essence sous la forme d'une branche, presque à l'état brut mais choisie, pour la traverse arrière et les chevilles d'assemblage. Ce n’est pas le cas pour le projet, le charpentier utilise une belle courbe de pūrau.


Rédacteur :: Robert Veccella

      © GRAN 2004