L'historique du naufrage
L'Hermione, commandée par le Capitaine de vaisseau
Martin, est en station dans l'estuaire de la Loire depuis trois mois lorsque
le 20 septembre 1793, elle appareille à destination de Brest pour escorter
12 bâtiments dont 2 « barques » remplies de 65 canons de 18
et de 36 en provenance des fonderies d'Indret. Le CV Martin a fait appel au
pilote Guillaume Guillemin du Conquet en provenance du brick Phoenix
qui est venu prendre la relève de l'Hermione.
Les ordres du CV Martin étant de prendre contact avec l'amiral Morard
à Quiberon, il ordonne au pilote d'emprunter la route la plus directe
qui fait passer le convoi entre la Pointe du Croisic et le plateau du Four.
A 18 heures 30 , par beau temps, vent modéré de NNE, le pilote
échoue la frégate sur le Four à mi-marée descendante.
Peu après, la cale est crevée et le navire se rempli d'eau. A
basse mer le navire bascule et se couche sur tribord. La frégate est
définitivement évacuée le 21 à 10 heures du matin.
Une partie du matériel d'armement et l'artillerie seront débarqués
par la suite.
Le CV Martin sera déclaré non coupable par le Conseil de Guerre.
Texte tiré du dossier rédigé par le Centre International
de la Mer, La Fayette et l'Hermione, Rochefort, 1992.
Procès verbal
du naufrage de la frégate Hermione sur le Four
« Aujourd'hui vingt septembre mille sept cent quatre
vingt treize l'an 2ème de la République française une et
indivisible, la frégate l'Hermione commandée par le citoyen Martin
Capitaine de Vau est appareillé de Mindin dans la rivière de Nantes
pour se rendre à Brest avec un convoy d'après l'ordre qu'il en
avoit reçu du Ministre. Le 7 duduit mois le vent étant au NE petit
frais le pilotte de la rivière quitta la frégate lorsqu'il fût
en dehors de la roche le Charpentier. Il la remis entre les mains du citoyen
Guillaume Guillemin pilotte cotié de la frégate et provenant du
batiment le Phénix qui avait relevé l'Hermione à la station
de Mindin. Le vent étoit du NE variable au NNE, nous étions au
plus près tribord amures sous le petit hunier et le perroquet de fougue
pour entretenir un convoy de 12 batiments que je devois mettre devant Brest.
A 6 heures du soir on fit un relèvement. Le pilotte cotié y assista
et ce fut lui même qui donna le nom des pointes qu'on ne connoissoit pas.
A 6 h.1/4 un grand batiment du convoy qui se trouvoit derrière la frégate
vira de bord. Je demandois au pilotte pourquoi ce batiment viroit et s'il y
avoit du danger à craindre sous le vent. il me repondit que non. Dix
batiments du convoi étoient de l'avant de la frégate. Lorsqu'on
cria brisants sous le vent le pilotte assuroit que ce n'étoit pas des
brisants mais la force du courant qui faisoit cet effet......
frégate à la basse mer . A 8 heures du matin la mer se trouvant
au 2/3 basse la frégate a donné de la bande dans un instant avec
une vitesse incroyable et dans ce mouvement rapide et s'est crevé totalement
le coté de tribord. J'ai continué à faire travailler à
sauver tous les effets de conséquence qui se trouvoient possible et de
les faires transporter à bord du chasse marée ou nous avons été
prévenus que si les vents passoient à l'ouest avec force il serait
possible dans la position ou se trouvoit la frégate qu'il périroit
beaucoup de monde. A la basse mer la frégate nous a paru totallement
crevé. L'équipage s'est décidé avoir de l'abandonner
et a passé sur les chasse-marées qu'on nous avoient envoyé
du Croisic. J'ai abandonné le batiment à 10 heures du matin le
dernier avec le maître d'équipage qui a donné trois coups
de sifflet pour s'assurer qu'il ne restoit plus personne à bord. Je n'ai
que le meilleur témoignage à rendre de l'Etat Major et des principaux
maîtres et de tout l'équipage qui se sont tous portés avec
le plus grand zèle la plus grande activité à exécuter
les ordres que j'ai donné jusqu'au moment ou nous avons abandonné
la frégate.
On ne peut attribuer qu'a l'ignorance du pilotte costié la perte
de la fregate qui paroit infaillible. Malgré tout ce que j'ai pû
lui dire il m'a donné toutes les raisons qu'il setoit trompé et
qu'il ne se croyoit pas aussi près du Four. Je l'ai amené à
terre avec moi et l'ai remis entre les mains du juge de paix avec une dénonciation
par écrit par laquelle je demande que ce pilotte soit intérogé
publiquement devant tout mon équipage et le public du Croisic, afin qu'il
soit constaté juridiquement que c'est par sa faute seulement que la frégate
a été mise à la côte. En foi de quoi, nous avons
clos et arrêté le procès verbal signé du nom de l'Etat-major
et de ceux de l'équipage qui savoient écrire »...