Les pentures de gouvernail sont des vestiges assez souvent retrouvés sur les sites de naufrage, la dernière découverte en date dont nous ayons eu connaissance date de tout juste un an, en Martinique. Voici donc l’occasion de faire un peu un bilan.
La définition donnée par le Dictionnaire de la Marine à voile de Bonnefoux et Paris, Paris (reprint), 1994, p.563, est la suivante :
« Pentures : Les pentures sont des gonds, charnières ou ferrures sur lesquels le gouvernail fait sont mouvement de rotation.»
Les pentures comportent un élément fixé au navire, sur l’étambot, qui supporte un axe vertical femelle appelé fémelot, et un élément fixé au gouvernail portant un axe vertical mâle appelé aiguillot. Les deux éléments ont une forme fourchue dont les branches sont fixées par des broches sur l’étambot et sur le gouvernail.
Avant l’apparition du doublage en cuivre les pentures sont en fer, d’où le nom de ferrure, ensuite pour éviter la corrosion par électrolyse elles sont le plus souvent en bronze, toutefois pour les pentures hautes se trouvant hors de l’eau elles peuvent être en fer comme le montre l’exemple de l’Hermione ci-dessous.
1 – Lomellina (1516)
La partie basse du gouvernail de la Lomellina a été mise au jour au cours de la campagne réalisée par le GRAN en 1983, y subsistaient des renforts latéraux en bois et des restes de ferrures.
2 – Pandora (1791)
Une penture de gouvernail du HMS Pandora figure dans l’ouvrage de Brian Lavery, The Arming and Fitting of English Ships of War – 1600 – 1815, London, 1987, p.65.
3 – Hermione (1793)
Au cours de l’expertise du site réalisée par le GRAN en 1992 sur le site supposé de l’Hermione afin d’en établir l’identification certaine, une penture de gouvernail en fer, côté navire a été observée et dessinée. L’intérêt de cet élément pour l’identification du site tenait au fait que dans la construction navale du XVIIIème, il existe une harmonie entre toutes les parties du navire dont les mesures sont toujours liées par un module commun (souvent la largeur au maître bau ou la longueur de la quille portant en terre). Une règle simple lie, de cette manière, le diamètre du fémelot à la largeur au maître bau : à savoir que la largeur du bâtiment exprimée en pieds est égale au 6/7 du diamètre du fémelot exprimé en lignes. Un calcul rapide montre que les 7/6 de 60 mm représentent 70 mm soit 31,4 lignes (de 2,2256 mm) et que la largeur est donc de 31,4 pieds soit 10,4 mètres aux approximations de mesure près. Si on se reporte au tableau des « Caractéristiques principales des bâtiments de mer », on constate qu'une largeur d'une dizaine de mètres correspond à un bâtiment du type frégate.
4 – Epave inconnue : Martinique (Pointe Macré).
Cette penture a été trouvée en avril 2007. L’épave correspondante n’est pas identifiée.
5 – Athiet Rahamon (1867).
Un des sites de naufrage identifié sur l’île de Tromelin (Océan Indien) au cours de la campagne de fouille du GRAN en 2006 a été identifié comme celui de l’Athiet Rahamon, un trois mâts Indien qui fit naufrage au cours d’un voyage entre l’île Maurice et les Indes. L’usure de cette penture de bronze côté gouvernail atteste de la violence de la mer autour de l’île. Elle a été découverte en apnée par Jacques Quillet, un ingénieur météo.
6 – Epave inconnue : Port Leucate (Aude)
Cette penture découverte en 1974 est déposée au Musée la Pérouse d’Albi. L’épave n’a pas été identifiée.
M.G.