Les échanges à propos de la pipe en terre trouvée à Hiva Oa (Polynésie française), sur la rubrique correspondante, me conduisent à ajouter mon grain de sel, en évoquant les quelques pipes Jacob trouvée sur l'épave du Magenta, une frégate cuirassée coulée en 1875 dans le port de Toulon.
Plusieurs fourneaux et un fragment de pipe Jacob ont été mis au jour.
Ce type de pipe fut très en vogue au milieu du XIXe siècle. Il semble bien que le modèle initial fut fabriqué par la maison Gambier, une manufacture installée à Givet, qui fut active sous différents noms et différents propriétaires entre 1834 et 1926.
La pipe Jacob représente un personnage portant un large turban et une barbe en éventail.
Le n°272 et le n°125 (qui n'est pas représenté ci-dessous) portent les inscriptions suivantes : sur un bandeau situé sous la barbe et à gauche "JACOB - Gambier", à droite "JACOB - Paris - 928" (ce dernier chiffre étant le numéro du catalogue), et en dessous le chiffre "90". Un bandeau en travers du turban porte l'inscription : "JE SUIS LE VRAI JACOB"
Pipe Jacob n°272
Cette inscription ne manque pas d'intérêt puisqu'elle illustre une âpre compétition qui s'amorça entre Gambier et ses concurrent en matière de copies (nous dirions aujourd'hui en matière de contrefaçon). Pour marquer l'originalité de son modèle Gambier ajouta l'inscription qui figure sur le turban. Dès lors, la compétition se reporta sur cette inscription et chaque fabricant adopta sa propre devise :
Fiolet et Scouflaire : "JE SUIS LE BEAU JACOB"
Dutel Giclon : "LE NOUVEAU JACOB"
Wideger : "VOILA LE BON JACOB"
Deux autres pipes Jacob trouvée sur le Magenta illustrent cette concurrence :
La devise de Job Clerc : "JE SUIS LE BON JACOB" (n°353)
Pipe Jacob n°353
Un fabricant inconnu : "C'EST MOI JACOB" (n°58 et n°201)
Pipes Jacob n°58 et n°201
Ref. : Maurice Raphaël, La pipe en terre, Vitrolles, 1991.
Comptes rendus de fouille de l'épave du Magenta (campagnes 1995, 1997, 1998)
Max Guérout