Voici le message du Dr Jean Marie Balliet que nous remercions pour cette réponse détaillée.Robert VeccellaCher Monsieur,
Je vais répondre de manière concise aux questions posées sachant que la littérature est extrêmement pauvre lorsqu’on aborde le sujet
des canons de yachts et
des canons d’alarme.
Si les canons de réjouissance, utilisés à terre, sont fort nombreux et d’une facture bien différente (souvent plus grossière), ils ne doivent pas être confondus avec les canons de yachts. Ce matériel, je n’ose leur attribuer le qualificatif de « pièce d’artillerie », va faire partie intégrante du matériel d’armement de nombreux bateaux de plaisance dans le dernier quart du XIXe siècle.
Ce canon apparaît souvent comme une petite pièce en bronze, souvent de fabrication soignée, dans laquelle on cherche avant tout la vérité d’aspect. En cela, il diffère fortement du canon de réjouissance. Tous les types de pièces d’artillerie sont représentés : de l’espingole à la caronade en passant par le canon. Le tout est parfois réalisé à l’échelle ! Si sa taille dépasse rarement les 30 à 40 centimètres, son calibre est toujours très réduit (il oscille le plus fréquemment entre 30 et 40 mm). L’affût qui le supporte fait également l’objet d’une fabrication soignée allant jusqu’à imiter, sous une dimension réduite, un véritable affût de marine.
L’usage des canons de yacht est multiple : s’il s’agit avant tout de paraître avec des pièces soigneusement astiquées et disposées sur le pont uniquement au moment de l’entrée dans un port, elles sont également utilisées à l’occasion de fêtes ou pour donner le départ d’une régate. Uniquement destinés à faire du bruit, ces canons ne sont en aucune manière un matériel de défense même si l’usage d’un projectile est théoriquement possible… aux risques et périls de l’utilisateur !
Progressivement, par un effet de mode, leur usage se répand également aux navires de commerce où ils jouent le rôle de canon d’alarme. Si ces pièces étaient encore répandues dans l’entre-deux guerres, l’acier a toutefois supplanté le bronze ou la fonte à la fin du XIXe. L‘usage du canon d’alarme était fort répandu en l’absence de radio, les détonations donnaient un meilleur repérage en direction que les sirènes ou les cloches.
On peut également noter que les canons de yachts connurent également un certain succès à terre lorsqu’il s’agissait d’orner de somptueuses propriétés.
Pour revenir aux pièces qui sont illustrées, elles sont apparemment de belle facture et d’une dimension sensiblement supérieure à celles observées habituellement. Si la dénomination de « Pierrier à signaux » n’est pas choquante, celle de « Pierrier de terre-neuvas » me semble peu adaptée. En effet, c’est souvent une simple boîte qui prenait la désignation pompeuse de « pierrier à brume » sur les Terres Neuvas ! En l’absence de marquages, leur forme générale, laisse supposer qu’il s’agit de pièces de fabrication française.
Bien amicalement aux membres du forum du GRAN.
JM BallietBibliographieCLERGEAU Jean-René. Les canons de réjouissance. Gazette des Armes, mars et avril 1986.
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